mardi 2 décembre 2014

Zoom sur les raisons d’un contre-sommet de la Francophonie

Le président du parti politique Front national de salut public ‘’Mom sa Rew’’  Malick Noël Seck  a affiché son opposition au Sommet de la Francophonie. Dans une interview accordée au site d’informations Afrik.com, l’ex-secrétaire général de la Convergence Socialiste interpelle les populations sur la Francophonie qu’il taxe de « supercherie ».

Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé d’organiser un contre-sommet de la Francophonie ?
Malick Noël Seck : Nous avons organisé ce contre-sommet de la Francophonie pour plusieurs raisons. La première, c’est parce que 90 millions d’euros, soit 57 milliards de FCFA, ont été empruntés par l’Etat du Sénégal pour l’organisation de ce sommet. C’est scandaleux ! Alors que dans le pays, les élèves n’ont pas de bourse, il n’y a pas de scanners dans les hôpitaux, le courant coupe à longueur de journée, le bétail meurt de faim… et j’en passe. C’est un gaspillage de plus que les citoyens sénégalais vont devoir payer, alors que notre pays est pauvre. La deuxième raison de l’organisation de ce contre-sommet, c’est qu’en 2006, une charte a été signée par l’Organisation internationale de la Francophonie pour accompagner la transition des pays qui ont subi des soubresauts politiques. Ce qui signifie que l’organisation peut, selon son vouloir, valider ou invalider des élections.

Que voulez-vous dire par là ?
La Francophonie est une supercherie ! On ne peut pas défendre la démocratie et recevoir quelqu’un comme Sassou Nguesso, qui a du sang sur les mains. Elle prétend prôner la démocratie mais défend les dictateurs qui tripatouillent leur Constitution pour se maintenir au pouvoir. Et dans beaucoup de pays africains, les Présidents sont des sous-préfets pour gérer les intérêts de l’Elysée et de Matignon. Et si jamais Paris refuse telle ou telle candidature à la Présidence, on bombarde le palais, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo. L’organisation de la Francophonie est seulement politique. Elle a construit en Afrique quelques puits par-ci, par-là et mis des photos ensuite sur son site internet, sans plus. La Francophonie est une arme de la Françafrique.

Sur quels éléments vous basez-vous pour affirmer cela ?
La coopération mise en place par la Francophonie entre la France et les pays africains est un échec. C’est une coopération qui ne va que dans un seul sens, car elle est basée sur la domination de la France. Jamais par exemple un ministre de l’Education du Gabon ne donnera des consignes sur le programme scolaire français pour dire qu’il faut que le massacre de Sétif soit dans les programmes, l’assassinat de Thomas Sankara… Il ne le critiquera aussi jamais. Nous avons toujours une monnaie qui porte le nom de la France. Ils nous forcent à commercer avec eux, à signer les APE. Depuis près de 50 ans après les indépendances, nous sommes jusqu’à présent toujours pauvres. Aujourd’hui encore, nous sommes les derniers de la classe.

Mais l’état de pauvreté de certains pays africains n’est-elle pas due avant tout à la responsabilité de leurs chefs d’Etat et de leur mauvaise gouvernance ? 
Ils ont bien sûr leur part de responsabilité car les chefs d’Etat africains travaillent contre leur peuple ! Il faut que vous compreniez notre démarche. Notre combat n’est pas contre la France, les Français, ou encore la langue française. Nous avons un problème avec la France de Bolloré, de Bob Dynar, de Rocard. Mais le français est une langue universelle, qui nous permet d’échanger avec nos frères camerounais, ivoiriens, gabonais. Encore une fois, soyons bien clair, c’est l’organisation de la Francophonie que nous combattons, pas la France ni le français. Avec ce sommet à Dakar, jamais le Sénégal n’aura accueilli autant de dictateurs. D’ailleurs, un agent de la DSE a reconnu que les services secrets français ont truqué les élections pour que Bongo fils remporte les élections. De même, la France affirme avoir aidé Compaoré, mais de ne pas être intervenu directement, alors que Hollande a reconnu plus tard que la France a organisé son exfiltration vers la Côte d’Ivoire. Mais en organisant son exfiltration, on empêche la justice burkinabé de faire son travail pour savoir qui a tué Sankara ou encore Norbert Zongo.

Quel regard portez-vous sur le bilan d’Abdou Diouf à la tête de l’OIF, qui a apporté une dimension plus politique à l’organisation ?

Abdou Diouf a fait 20 ans au pouvoir, au Sénégal. Et il a fait quatre mandats à la tête de la Francophonie. C’est beaucoup trop. Il y est resté trop longtemps je pense. La direction de la Francophonie, je pense, est une récompense de la France pour les Présidents africains les plus dociles. Hollande avait d’ailleurs proposé à Compaoré d’être secrétaire général de la Francophonie une fois qu’il aurait quitté le pouvoir pour services rendus à la France. C’est une récompense qu’on peut comparer à la légion d’honneur.

Source : Afrik.com

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