La violence a atteint son paroxysme dans l’espace
universitaire. L’Université Cheikh Anta Diop, reconnue pour la qualité de ses enseignements, est semblable à un champ
de bataille. Jets de pierres, canons à eau, grenades lacrymogènes…ont pris
d’assaut l’Ucad .A l’origine de cette brutalité, les réformes
universitaires, le système Licence-Master-Doctorat (LMD), la lutte pour le
paiement des bourses, de meilleures conditions d’études, de vie… Ici, un acte
de revendication, une grève d’ordre académique ou social peuvent aboutir à un
saccage d’infrastructures ou à un bain de sang.
Même s’il arrive que des policiers se blessent, force est de constater que les étudiants sont majoritairement les grands perdants des tensions qui animent le campus. Ils sont battus, violentés…Balla Gaye, Bassirou Faye sont morts brutalement lors de répressions policières. Bassirou Faye, en Licence 1 de Maths-Physiques meurt durant des affrontements entre les forces de l’ordre et des étudiants qui exigeaient le paiement de leurs bourses. Ces revenus sont d’une importance capitale surtout pour les jeunes issus de familles défavorisées. Ils arrivent à survivre grâce aux allocations estudiantines. C’est pourquoi, ils sont prêts à tout pour l’obtenir.
Ibrahima Diouf en Licence 2 à la Faculté des Sciences et Techniques (FST) perd son œil gauche au front alors qu’il dénonçait les réformes universitaires notamment la hausse des frais d’inscription et de l’augmentation du prix des tickets de restaurant.
Saër Boye, étudiant en 4è année à l’Institut National Supérieur de l’Education Populaire et du Sport (INSEPS) a été tué au restaurant Central de l’Ucad alors qu’il faisait le rang pour rompre son jeûne. Il a été roué de coups par son agresseur au cours d’une altercation. Donc hormis les actes des limiers, l’indiscipline, l’agressivité des pensionnaires de l’université peuvent avoir des conséquences indésirables. L’utilisation de stupéfiants (drogue, alcool…), les longues files d’attente, l’acquisition de logement peuvent être considérés comme les sources de ces bagarres.La liste des victimes de la violence en milieu universitaire n’est pas exhaustive. A côté, il y a les dégâts matériels. Il arrive que des policiers entrent dans des chambres et saccagent l’outil de travail (ordinateur, cahier, livres…) des étudiants. Ces derniers quant à eux, commettent des actes de vandalisme : destruction de biens publics (rectorat, amphithéâtres ...), des bus sont cassés et brûlés etc.
A qui la faute ?
Les étudiants ont tort de réagir ainsi. Mais pour beaucoup
d’entre eux « c’est la seule façon de se faire entendre »,
face au désespoir, à la surcharge dans les amphithéâtres (environ 80 000
apprenants), aux taux d’échec élevés, à l’ampleur du chômage post-diplôme, à un
avenir incertain etc. Les forces de l’ordre ne sont pas directement les
fautifs de cette barbarie. Ils ne font qu’exécuter les ordres des supérieurs.
Les autorités ont leur part de responsabilité. Quand Mary Teuw Niane, ministre
de l'Enseignement supérieur déclare dans un communiqué lors des manifestations
pour le ‘’ Master pour tous’’ que « Les autorités ne comptent en
aucun cas céder à la pression des étudiants ». Il y a de quoi à
attiser les affrontements, surtout après de vaines négociations.
L’origine de la violence provient aussi des professeurs. Il arrive que ces derniers ayant perdus des copies, mettent zéro à la place de la note. Ils brisent ainsi le futur de beaucoup de jeunes. Cela peut susciter des sentiments de frustration qui engendrent des réactions violentes. La pacification de l’espace universitaire est donc nécessaire. Pour se faire les acteurs du système estudiantin, les autorités religieuses, la société civile doivent s’impliquer dans la restauration du dialogue et de la communication entre les étudiants et l’Etat. Les plus hautes autorités de la société doivent quand même prendre les taureaux par les cornes et définitivement remédier aux maux de l’Ucad car il y va de la survie de notre enseignement supérieur.
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